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Journal d'un Schizophrène
22 juillet 2016

Un bug dans ma matrice

matriceDans ma vie d'avant, quand je pouvais encore travailler, je créais des logiciels. Je passais mes journées à écrire des lignes de code, à tester des programmes et à les déboguer. Et maintenant, la machine en panne, en perte de vitesse, c'est moi. Je me retrouve avec un bug dans la tête, un défaut dans ma matrice. Le souci, c'est que personne ne peut me dépanner en reprogrammant la faille dans mon système neuronal, et de plus, le bug est aléatoire et totalement imprévisible. La vie est pleine de paradoxes. C'est l'ironie de mon malheur. J'aurais beau analyser tous les versants de ma maladie comme si j'étalais sur la table l'algorithme d'un programme informatique, je suis impuissant devant une telle complexité qui entrave mon quotidien. Mon métier s'appuyait en grande partie sur la logique et la fonctionnalité. Il n'y a pas de logique à être psychotique et il n'y a encore moins d'utilité fonctionnelle à l'être. Alors, pourquoi ?... s'il y a un but dans la vie entre le moment de sa naissance et de sa mort, moi, avec mon bug dans la matrice, je sers à quoi ?
Lorsque l'on a une fonction dans la société et que l'on participe en quelque sorte au rouage de la mécanique qui fait avancer le train, on ne se pose pas (ou peu) de questions sur la légitimité de faire partie du monde. Lorsqu'une pièce est défectueuse, on la répare ou, au pire, on la change. Moi, on ne peut ni me réparer ni me changer. Je suis là, quelque part, noyé dans une société formatée à un équilibre précaire et qui a du mal à côtoyer la différence. Je pourrais facilement marcher à côté de quelqu'un sans qu'il ne devine le mal qui m'habite, mais à partir du moment où l'on te colle l'étiquette de schizophrène sur le front, là, les gens t'évitent et s'écartent de ton chemin. C'est un fait. Je le vois bien lorsque je vais au pôle-emploi. Ma conseillère a un autre regard sur moi depuis qu'elle connaît mon problème psychotique, sans parler de ses collègues qui semblent m'éviter. Ce n'est pas de la paranoïa, non, c'est juste une constatation des faits liés à mon fichu sens de l'observation très affûté. Je me fiche du regard des autres à vrai dire, ce n'est pas un problème. Ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent, je m'en fous. Ma préoccupation, c'est ma place dans la grande comédie humaine. Parfois, je me sens comme ce « truc » inutile qui est dans le bol à côté de la porte d'entrée. Vous savez, ce fameux récipient où l'on met tout un tas de choses (des trombones tordus, des pièces de monnaie, des clés, des vieux stylos à bille qui marchent plus, etc.).)... Vous voyez ? ... Eh bien, je me sens aussi utile qu'un vieux machin qui traîne depuis des années dans ce bol.

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Commentaires
S
Ton "bug" et j'étais aussi programmeur et même infirmier dans une autre vie fait en sorte d'améliorer ma compréhension et d'améliorer l'orientation des changements que je fais sur moi.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien entendu moi non plus je ne revivrai plus mon ancienne vie. Mais à quelque part tout change tout le temps. Je suis ce que je suis. Merci
Journal d'un Schizophrène
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