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Journal d'un Schizophrène
30 juillet 2016

La mort - #2

la_mort2Dans la mort, si l'on décide de croire que notre « Moi » disparaît dans le néant, cela ne laisse guère de place à la croyance et donc à l'espoir que notre âme finisse au paradis (ou au contraire en enfer) ou réincarnée. Deux choix s'offrent à nous : vivre sa vie en n’ayant aucune crainte du lendemain et vivre l'instant présent (on vit, on meurt, le néant, point final) ou bien, être dans l'introspection quotidienne et croire à une manifestation divine qui nous jugera en fonction de nos actions. Dans un cas comme dans l'autre, rien ne peut garantir si cette préférence va nous rendre meilleurs ou pires. J'en veux pour preuve que j'ai connu de très bons athées remplis de gentillesse et de bienveillance, et j'ai aussi côtoyé certains catholiques absolument méprisants qui ont sûrement leurs places de réservées en enfer. Bref, qu'est-ce qui définit la bonté d'un être humain, l'acquis ou l'innée...

Ce qui est pénible avec la mort, c'est qu'il n'y a aucune alternative : quand c'est ton heure, c'est ton heure. On a aura beau essayer de prolonger sa vie ou expérimenter des remèdes anti-âge, il est parfois préférable de partir avant que tout l'organisme ne tombe en décrépitude. Mais c'est étonnant de voir avec quel acharnement l'homme essaie de reculer l'échéance de sa mort. À vrai dire, je pense que c'est une grande illusion tout ça. À quoi bon s'attacher aux richesses terrestres et jouir un jour de plus de sa fortune au milieu de l'opulence ? Une fois mort, on n'emporte rien avec nous. On naît dans la nudité, on meurt dans la nudité. Certes, il faut profiter de la vie, de chaque instant, mais à un moment donné il faut accepter la fatalité et s'y résigner. D'ailleurs, une question me taraude : est-ce que les riches ont plus peur de la mort que les pauvres ? Après tout, les riches ont bien plus à perdre que les pauvres en mourant. Et la richesse du cœur est-elle quantifiable, quel que soit son statut social ? (je me dis que s'il y a une balance mortuaire aux portes du paradis, je connais certains pauvres qui verront la lumière des cieux bien avant de riches empereurs).
Reste, le point épineux : la logique dans le fait de mourir. Là, évidemment, on peut analyser la vie au microscope et en tirer toutes sortes de conclusions cohérentes, mais concernant la mort, une fois que tu as fait le grand saut, tu ne peux pas reparaître devant les vivants et commenter tes impressions. Apparemment, ça doit être assez sympa de l'autre côté puisqu’à ce jour personne n'a eu envie d'en revenir. (je plaisante).

La peur de la mort ça repose avant tout sur la peur de l'inconnu. On n'aime pas particulièrement ne pas savoir où l'on va. On sait que la mort nous réduit à l'état cadavérique, mais notre âme, elle atterrit où ?
La mort, c'est horrible pour un vivant, et certainement que la vie doit être horrible pour un mort, à supposer qu'il nous voie depuis quelque part. C'est vrai ça, après tout. Est-ce que les morts nous voient finalement ? Étant donné qu'il existe une sorte de cloison hermétique qui sépare les deux mondes, rien ne peut justifier qu'ils nous observent ou qu'ils viennent nous rendre visite. Certes, il y a beaucoup de gens qui prétendent avoir vu des fantômes, des esprits errants et autres lueurs flottantes dans les airs. On y croit ou on n'y croit pas, ça, c'est un autre débat. Pour ma part, je pense que tout ce qui peut être interprété par des vivants, cela concerne le monde des vivants. J'insiste bien sur le terme « interprété », car même la croyance en Dieu (ou à des phénomènes parapsychiques) résulte d'une interprétation d'un fort sentiment contenu en nous, être humain, vivant dans un monde d'humain, et disposé à traduire des émotions dans un plan spatial dit « réel » et non virtuel.

« Je pense, donc je suis ». Il est bien là le problème. Cette faculté à réfléchir sur soi, de son vivant, sur son « Moi » tout en se rattachant à toutes les personnes qui ont quitté ce monde. On a besoin de garder ce lien avec nos disparus. Cela se traduit en général par la croyance qu'il existe un monde où les âmes sont coincées entre celui des vivants et celui des morts. Mais, comme je le disais plus haut, je ne pense pas qu'il y ait de compromis en la matière : soit, tu vis avec les vivants, soit, tu vis avec les morts. Et l'âme, notre aura, dans tout ça, on dirait bien que c'est la seule chose de commune d'un monde à l'autre. En admettant (pour les croyants) que nous avons une âme qui s'échappera de notre enveloppe charnelle pour aller vers l'au-delà, mis à part cela, tout semble bien compartimenté.

Je ne peux pas évoquer la mort sans penser à ceux qui se suicident. Le suicide. Là, c'est un aspect de l'approche de la mort qui m'échappe un peu. Sans trop rentrer dans les détails du « pourquoi, il ou elle se suicide ? » il s'avérerait toutefois qu'une envie de contrôler la fin d'une souffrance psychique est la réponse dans le fait de passer à l'acte. Chacun gère son mal-être comme il le peut et ce n'est pas à moi d'en juger. Je souffre beaucoup moralement, mais en aucun cas je n'abrégerai ma vie. Jamais. La vie n'est pas facile, surtout quand on se pose des tas de questions et qu'on est enlisé dans une maladie psychiatrique. Néanmoins, j'ai fait le choix de croire en Dieu et d'avoir espoir en la vie. Le suicide est un péché dans la croyance chrétienne et je m'en remets à la volonté de Dieu. Lui seul décidera de mon dernier souffle.
Le suicide, c'est également, une certaine volonté de maîtriser le jour de sa mort. C'est radical. Plus de questions à se poser sur le « quand » ou « comment », mais le saut dans l'inconnu est toujours le même. Ça « résout » (avec de très gros guillemets) le problème du mal de vivre, mais ça n'apporte aucune réponse sur la mort proprement dite.

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