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Journal d'un Schizophrène
8 août 2016

L'ivresse...

supermanJe me sens comme Superman. Je vis entre deux identités. L'une où j'endosse mon costume de « Monsieur tout le monde » en n’éveillant aucun soupçon, et l'autre, plus secrète, plus métaphysique. Je n'ai pas de super pouvoirs, non. Je ne peux pas voler au secours des gens. Je ne peux être que moi, cet homme prisonnier de sa maladie psychiatrique.
J'écris ces lignes en ayant bu un peu d'alcool. J'ai finalement ouvert cette bouteille de vin posée sur l'étagère de ma cuisine depuis des mois. J'ai bu un verre, puis deux... et maintenant trois. Je sens l'ivresse monter peu à peu, alors je me dis qu'il est temps d'écrire avant que je ne sois plus en mesure de le faire. J'ai envie d'écrire mes sentiments, à cet instant où l'ébriété semble gagner mon corps et mon esprit. Ce n'est pas très bon de mélanger l'alcool avec mon état médicamenteux, mais ce n'est pas grave. Je n'ai pas envie d'être raisonnable ce soir. Est-ce le fait que j'ai envie de marquer le coup sur le fait que je sois reconnu comme une personne handicapée ?... Peut-être. Il n'y a, pourtant, rien à fêter, si ce n'est le fait que je sois pris plus au sérieux par les interlocuteurs que j'aurais à l'avenir dans mes démarches. Et puis, il y a le fait que je me suis toujours considéré comme une personne « d'intelligente ». Le handicap et l'intelligence sont les frères ennemis de notre société, cette société si bien pensante dans le catalogage des gens. Maintenant, je peux vivre avec ma maladie aux yeux de la société puisque je suis dans une case qui m'identifie en tant que tel. Je peux justifier de mon droit d'être malade sans que l'on me juge autrement. Pfff... qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Le regard des gens, je m'en fous. La seule contrainte de cette société, c'est d'être identifié avec un numéro de registre aux yeux de tous. Désormais, je suis le schizophrène souffrant d'un handicap. Il faut que je digère mon nouveau statut dans cette société anxiogène que je déteste.
Je suis Superman. Rien ne peut me tuer, à part la Kryptonite. Ma Kryptonite à moi, c'est « l'autre » et personne ne peut comprendre de quel monde je viens, puisque je suis un extraterrestre au milieu de la normalité de l'intelligence des hommes.
Je ne suis pas très cohérent... tant pis. Je garde ce texte, tel qu'il est, afin de garder une trace sur le jour où j'ai appris que j'avais un statut officiel dans ma maladie.

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